Méchante table ! Petit excercice d’empathie

Bébé fille agenouillée prêt d'une table

You can’t blame gravity for falling in love.

Albert Einstein

Une petite fille se cogne contre une table et se met à pleurer. Sa grand-mère vient la câliner et se retourne contre la table en s’écriant “méchante table !”. Qu’en pensez-vous ? Est-ce une bonne attitude à avoir ?

Je me souviens que cela m’a choqué la première fois que j’ai assisté à une telle scène. Déjà ce n’est pas logique de s’en prendre à la table, et pire, ça apprend à l’enfant à ne pas être responsable de lui-même et à rejeter la faute sur quelque chose d’autre.

J’ai longtemps associé cette manière de faire à la culture asiatique, jusqu’à ce que je découvre qu’ailleurs aussi on usait de ce stratagème pour réconforter un enfant. S’il n’est pas géographique, il semble cependant bien y avoir un élément culturel qui explique le malaise provoqué par cette manière de faire : la culture de l’auto-culpabilisation. Ce sentiment, ou plutôt cette crainte d’être en faute, entretient un besoin irrépressible de contrôle dans nos vies, nos organisations. Besoin qui rend difficile le lâcher prise.

Enseigner la responsabilité est nécessaire pour bien grandir, mais enseigner à ne pas prendre la responsabilité de tout est tout aussi important. En rejetant la faute sur la table, la grand-mère de notre histoire apprend à l’enfant à ne pas trop se focaliser sur lui-même. Dire que c’est la faute de la table n’est pas forcément incompatible avec le fait que l’enfant progressera et apprendra à être plus prudent. Cela rend le moment plus acceptable. Cela aide à accepter qu’il y a des choses qui échappent à son contrôle et qu’on a le droit de s’accorder “une pause”.

Aider l’autre à passer un moment difficile est d’ailleurs ce que nous faisons quand nous faisons preuve d’empathie. Or s’il s’agit d’empathie, nul besoin d’expliquer le pourquoi du comment ou de rejeter la faute sur qui que ce soit. La grand-mère de notre histoire aurait pu s’en tenir au calin et ne blâmer rien ni personne. Les mots sont utiles, mais nous n’avons pas toujours conscience de notre intention.

Le self-management dans les organisations requiert de maîtriser la posture d’empathie, en particulier envers soi-même, et de prendre du recul par rapport à ce que nous disons et au pourquoi de nos paroles, y compris dans nos dialogues intérieurs.

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